J’ai toujours eu un petit côté psy. Pas psychopathe, hein, psychologue…
C’est un métier que je n’aurais jamais pu exercer, qu’on soit bien d’accord. Je suis une véritable éponge à sentiments, je porterais toute la détresse de ma patientelle sur mes épaules si j’avais eu un cabinet. Je pense que c’est ce qu’on appelle l’empathie.
Bref, j’ai une tête de confidente, la tête de celle à qui on révèle ses côtés sombres et ses secrets les plus intimes.
Il m’est arrivé un truc pas banal lors d’une soirée de boulot de Papa Chouquette. Alors que je sortais en solo fumer une clope entre deux plats, je tombe sur une nana que je ne connais pas, avec qui nous échangeons quelques banalités météorologiques. Mais la discussion a pris une tournure inattendue…
En l’espace de quelques minutes cette femme que je ne connaissais ni d’Eve ni d’Adam m’a raconté toute sa vie. Sa détresse amoureuse, ses échecs, sa déprime… Que des trucs gais et réjouissants, un roman à la Zola. Si bien que je suis restée dehors, dans le froid, pendant de longues minutes, à écouter cette inconnue qui a fini par verser sa larme sur mon épaule. Quand je suis revenue à table, de façon très remarquée évidemment puisque je m’étais absentée une bonne demi heure, Papa Chouquette m’a demandé ce que je fichais pendant tout ce temps.
La gorge serrée, j’étais encore abasourdie de ce que venait de me raconter cette femme, que Papa Chouquette connaissait plutôt bien, mais avec qui, j’en étais certaine, il n’avait jamais eu ce genre de discussion. Je n’ai pas donné de détails bien entendu, je ne savais pas si cette inconnue avait très envie que je livre sa vie sans détours.
Mais si c’était un cas isolé, je me serais dit « bon ben elle avait envie de parler, de vider son sac et c’est tombé sur moi ». Mais que nenni messieurs dames, que nenni.
Ce genre de choses m’arrive très régulièrement.
Des gens que je ne connais pas ou peu, qui après avoir échangé quelques banalités se mettent à nue (c’est une image hein) et me dévoilent toute leur intimité (c’est encore une image).
Être la confidente d’un ou d’une amie c’est plutôt normal. C’est ce que font les amis. Mais de parfaits inconnus, ça peut sembler étrange au début.
Aujourd’hui je m’y suis presque habituée. Du SDF complètement ivre, à la dépressive du bureau de tabac, en passant par la vendeuse de légumes, j’attire les âmes tourmentées qui ont des choses à raconter, des secrets trop lourds à porter, de la détresse à évacuer.
J’ai reçu tellement de confidences que je pourrais en faire un bouquin. Je pense que je tiens ça de ma mère. On a des têtes de gentilles alors les gens s’épanchent facilement, trouvant une oreille attentive à leurs malheurs, et quelques paroles réconfortantes.
Les gens sont de plus en individualistes, rares sont ceux qui savent écouter, conseiller et prendre un peu de temps pour s’occuper des autres. Au contraire, j’ai moi-même, plutôt du mal à faire la part des choses. Je m’occupe souvent des autres avant de m’occuper de moi. C’est dans mon caractère et j’ai déjà essayé de changer ça, mais « chassez le naturel il revient au galop ». Et pourtant mon empathie fait que je suis souvent tourmentée par les malheurs des gens, ils me bouffent. Mais je ne peux pas m’empêcher de jouer les Mère Theresa, c’est une seconde nature.
 
 
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Je devrais faire du bénévolat pour SOS amitiés…