Aujourd’hui le témoignage d’un combat. Un combat pour procréer, un combat dont on parle peu et qui touche pourtant de nombreux couples. Environ 23 000 naissances par an résultent de PMA: la procréation médicalement assistée, ce qui représente presque 3% des naissances annuelles. En France, en 2011, 16% des tentatives, toutes techniques confondues, débouchent sur des grossesses (source: agence de biomédecine). Ce combat ce fut celui de Mélanie et de son conjoint. Elle nous raconte…

Salut Salut Mélanie! Peux-tu te présenter et présenter ta famille?
Je m’appelle Mélanie, ou Mems, c’est comme tu veux, j’ai 34 ans et je travaille à temps partiel dans un service public. Mon mari va avoir 36 ans et il travaille dans le bâtiment. Nous avons eu une petite fille, grâce à la PMA en novembre 2009. Elle s’appelle Alaia, ce qui veut dire « Joie » en basque. C’est une petite fille pleine de vie, un peu fantasque, très créative, et notre parcours fait que nous sommes tous les trois trèèèèèès soudés. Fusionnels même. (Mélanie est aussi une maman blogueuse, tu peux la retrouver ici)

A quel moment est venu votre désir d’enfants?
Nous n’y étions pas réellement prêts en fait. Cela s’est passé autrement. Nous avions tout juste fini la rénovation de notre maison et voulions souffler un peu, en 2006. Mais j’ai appris que je ne pourrais pas en avoir facilement et ce réel besoin ou envie, s’est fait plus fort. Le temps nous semblait compté.

Parle-moi de vos essais bébé:
Nous avons donc commencé sans commencer. Cela te semble flou je m’explique : lors d’un rendez vous annuel chez la gynéco (de campagne, une femme super) elle m’a juste posé une question : « quelle est la date de vos dernières règles? » Je ne prenais plus la pilule car elle ne me réussissait pas du tout. Nous avions recours à d’autres moyens de contraception. Je n’ai pas su répondre. Elle m’a donc fait faire un test de grossesse au labo, qui était négatif, et donné un traitement pour déclencher les prochaines règles. Puis j’ai du noter les cycles et ma température. 6 mois plus tard, rien ne s’était passé. Elle m’a donc envoyée faire une échographie pelvienne « pour voir » et une hysterosalpingographie. Kessecé ??? On t’injecte un produit de contraste dans les trompes pour voir leur étanchéité, puis on te passe une radio pour vérifier.
Et la le verdict est tombé. J’avais trop de kystes, 84 pour être exacte. Une des deux trompes était bouchée, et donc je ne fonctionnais qu’à moitié (de peu, donc c’est pour dire…). Ovaire micro polykystiques, ou OMPK. Ovulations très rares. Du coup nous ne nous protégions plus… au cas où….

Quand et comment avez vous compris que vous auriez besoin d’aide pour avoir un bébé?
Suite à ces examens pas très agréables, la gynéco m’a orientée vers un spécialiste, un gynéco obstétricien spécialisé en PMA, fin 2007 soit un an plus tard, qui m’a bien prise en charge. Tous les deux nous ont expliqués que oui il serait possible de tomber enceinte, mais vu le nombre de kystes, il me sera difficile de le faire naturellement.

Comment l’avez-vous vécu? Que c’est il passé dans vos têtes?
Je l’ai très mal vécu. Clairement le problème venait de moi. J’étais STERILE. Le mot est tombé comme ça, lors d’un rendez vous avec le spécialiste. Il fait mal ce mot. Il te ramène à ton sort, tu te sens nulle. Mais ma force, je l’ai puisée dans ma moitié. Il était là, il me soutenait, et me faisait relativiser : ce combat on allait le gagner tout les deux. Ça semble cliché et pourtant…

Quels ont été les réactions de votre entourage? Avez-vous eu du soutien?
J’en ai peu parlé. Un peu à ma maman et ma sœur, très peu à mes amis. C’est venu plus tard. Il nous fallait rester soudés tous les deux. Et nous sommes pudiques, donc on a beaucoup gardé pour nous ce combat.

Parle moi de vos démarches, comment ça se passe concrètement une PMA?
Alors je te dirais que j’ai eu pas mal de chance. Le personnel de la clinique que j’ai fréquenté était au top. D’un point de vue administratif, il faut que le médecin demande un 100% de la prise en charge de tes soins au titre de la stérilité car les traitements sont coûteux, et nombreux. Ce médecin avait prévu un programme : les rendez vous et les examens étaient calés dès le début, tout était organisé en chaîne : les échos, les examens de labo, les entretiens pour faire un point, de ce côté là, j’ai été dans un cocon.
Tous les mois, oui parce que du coup il me donnait un traitement pour tenter une ovulation tous les mois, les rendez vous étaient fixes. Au début le traitement était léger, de simples traitements hormonaux, et un traitement pour régler le cycle. Mais cela était insuffisant. Petit à petit il m’a fait augmenter les doses, pour en arriver à une stimulation de l’ovulation par injection de deux produits : un en début de cycle pendant 7 jours, et un au 10eme jour. Je faisais moi-même les injections. C’est une sorte de stylo, comme peuvent utiliser les diabétiques. Je piquais dans le gras du bidou (oui j’en ai assez!). Tous les mois du 10ème au 14 eme jour, le matin je passais à la clinique faire une écho pelvienne pour voir si l’ovulation était en cours, avant d’aller au travail (et quand c’était négatif, le moral allait avec). Avec le recul, la seule chose que je ne referais pas c’est traîner sur les forums du net (type Doct****mo). C’est néfaste. Ça ne te fait pas du tout avancer. Au contraire.

Après combien de temps es-tu tombée enceinte? Quelles ont été vos réactions?
Je suis tombée enceinte en février 2009 (pour être exacte le 14), en fait deux ans et demi après le verdict. C’était ma première ovulation après tous ces mois de traitement. J’ai eu de la chance je crois. Le gynéco m’avait donné le feu vert. Il m’a juste dit, le matin lors de l’écho pelvienne : « c’est bon, vous de jouer maintenant! » 14 jours après, j’ai eu mon second trait sur le test. Je l’ai empaqueté et l’ai offert à mon conjoint. Nous avons pleuré. Nous étions fous de joie. Et de trouille!

Est-ce que du coup ça change la donne pendant la grossesse?
Oui, du coup j’ai gardé ce gynéco là, puisqu’il est obstétricien. L’avantage est qu’il fait lui-même les échos en plus. Alors forcément, le suivi est très poussé : j’ai eu une écho tous les mois, beaucoup de prises de sang, je n’ai jamais eu d’autre interlocuteurs que lui, pas de sage femme donc. Il était dur : je ne devais pas prendre de poids, mais aussi très rassurant. Il m’a avoué après qu’il pensait à la FIV des le mois de mars si je n’étais pas tombée enceinte avec ce traitement là.

Quelles ont été les choses que tu n’avais pas prévues dans cette aventure de la PMA?
Je ne m’attendais pas à ce que ce soit si long d’avoir un bébé. Je ne savais pas non plus qu’il fallait laisser sa dignité de coté : une équipe médicale complète en permanence à te faire des examens pas toujours très confortable je dirais…

Si c’était à refaire…?
Pour un premier enfant, je re-signe de suite. Pour un second, on laisse faire la nature.

Si ton conjoint et toi deviez donner quelques conseils aux couples qui se lancent dans ce parcours, lesquels seraient-ils?
Restez soudés. Je ne dirai jamais à personne de ne pas se prendre la tête avec le fait que tu n’y arrives pas : c’est impossible, tu y penses tout le temps. De ton lever (tu dois prendre ta température) à ton coucher (tu dois avoir 5 ou 6 rapports par semaine) tu y es confronté. Merci à toi de m’avoir donnée la parole. Mon combat n’est certes pas le pire, le plus long, le plus douloureux. Mais il reste le notre. Nous avons mis plus de trois ans à fonder notre mini family et nous sommes fiers de l’avoir réussie. Nous nous sommes mariés après ça. Car quand ton couple survit à une PMA, il peut survivre à tout… même au mariage!
Je te joins une photo que j’aime bien. C’était un bon moment en famille, la tyran était au top de la mode…
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Mélanie, je te remercie vivement de t’être livrée, malgré ta pudeur, le temps d’un article. J’espère que tu aideras certains parents avec ce témoignage positif et plein d’espoir <3