Aujourd’hui, deux interviews croisées de Maud du blog Maud Maman Mammouth et Aurore photographe de renommée bientôt mondiale, deux super-mamans à leurs heures perdues! Elles nous parlent sans détour d’un sujet encore tabou: détester être enceinte. Les magasines, les livres, les reportages, la bonne parole de l’entourage; tout est fait pour que la grossesse ne puisse être qu’un doux rêve, un pur bonheur. Or, c’est loin d’être toujours le cas. Je te laisse découvrir leurs témoignages…
 
Coucou, peux-tu te présenter et présenter ta famille ?
Aurore : Coucou ! Je m’appelle Aurore bientôt 30 ans (aïeeeeeeeeeeee !), fiancée à chéri-chéri depuis bientôt 3 ans et Maman (oui, oui Maman, avec une majuscule !) de Gabriel 14 mois (NDLM: Aurore fait de sublimes clichés que tu peux voir sur son site et sur sa page.)
Maud: Coucou! Je m’appelle Maud, j’ai 24 ans. Chéri et moi sommes les heureux parents d’un petit Girafon de 13 mois, qui rempli nos vies d’amour et vide nos nuits de leurs heures de sommeil! (NDLM: Maud a aussi un super blog de maman, tu peux la suivre sur sa page ici.)
 
A quel moment as-tu pris la décision d’avoir un enfant ?
A : Très tôt dans notre relation (trop tôt pour l’entourage…mais ça, nous on s’en tape ! 😉 ). Cela faisait 3 mois que l’on était ensemble et on parlait déjà de bébé, on savait tous les deux que ce serait l’un avec l’autre et pas dans 5 ans ! Au bout de 6 mois de relation, ça me titillait très très fort et on en a parlé très sérieusement. Alors on a pris la décision d’attendre notre anniversaire de rencontre pour mettre tout ça en route. Mais j’avais des soucis de pilule, aucune ne m’allait et ça commençait sérieusement à me gonfler alors, au bout de 10 mois avec chéri-chéri, j’ai dis de but en blanc : « bon, c’est décidé, j’arrête la pilule, de toute façon on n’est pas à deux mois près non ? Et puis, en moyenne, cela prend 6 mois pour tomber enceinte et ce n’est qu’une moyenne… » Alors, chéri de mon coeur pose le linge qu’il avait à la main, vient s’assoir à côté de moi et me répond, les larmes aux yeux « Ah oui ?! On va avoir un bébé nous ? ».
M: Le projet bébé est venu très vite après notre rencontre avec chéri… un vrai coup de foudre qui nous a amenés à  avoir envie de construire rapidement une famille!
 
Est-ce que les essais bébés se sont passés comme tu souhaitais ?
A : Alors pour tout avouer, j’espérais que ça prenne un peu de temps, en grande fêtards je comptais passer mon été à bringuer et faire la fête comme à nos habitudes ! Alors pourquoi avoir arrêté la pilule me demanderez-vous? (eh bien je l’ai déjàdit ! hihi) Et je ne voulais absolument pas me prendre la tête les 6 premiers mois, ne pas y penser. Mais bon…je dois être bien fertile comme on dit (ou trop active) je suis tombée enceinte 20 jours après l’arrêt de la pilule ! Pourtant arrêtée en plein milieu de cycle ! Nous sommes début juillet.
M : 3 mois après notre rencontre, j’ai fait retirer mon implant… je n’avais pas des cycles réguliers, et n’ayant jamais vraiment su comment ça fonctionnait d’ailleurs, on ne s’est pas trop pris la tête pendant 3 ou 4 mois. Comme ça ne venait pas, même si je savais qu’on avait le temps, j’ai quand même testé les tests d’ovulation, pour mieux cerner mes cycles. En fait, ma plus grosse peur c’était d’être stérile ou d’avoir des difficultés à avoir des enfants! Finalement après 2 mois d’utilisation des tests d’ovulation, la graine était dans l’oeuf!
 
Comment et à quel moment de ta grossesse t’es tu rendue compte que tu étais enceinte ?
A : Dès les premiers jours de fécondation ! Je me sentais terriblement fatiguée, irritable comme jamais, des douleurs de règles épouvantables (j’ai déjà un syndrome prémenstruel bien costaud à la base !). J’étais persuadée d’être enceinte ! J’ai fait un test au bout d’une semaine, mais c’était trop tôt, donc négatif. J’en ai refait un autre une semaine après, positif !
M: Très tôt, comme je surveillais mes règles, j’ai attendu d’avoir une semaine de retard sur ma date présumée pour faire un test qui s’est avéré positif! J’étais la plus heureuse et le futur papa aussi!
 
Comment se sont passés tes débuts de femme enceinte ?
A : J’étais sur petit nuage tout doux les 15 premiers jours (ceux qui ont suivi le test positif!). De bonne humeur 24h/24h malgré l’immense fatigue. Sourire accroché aux lèvres. Puis la fatigue a vite pris le dessus et l’humeur qui allait avec. Je faisais des malaises à répétitions au boulot, donc arrêtée dès le début ! J’étais très heureuse d’être enceinte, évidemment, et le criais sur tous les toits dès le verdict tombé!
M: Ca a été l’enfer!… Du début à la fin! Les 3 premiers mois, énormément de nausées, je ne supportais aucune odeur synthétique, vraiment aucune, je ne pouvais plus avaler un légume cuit, les remontées acides, la fatigue extrême… Les nausées ont cessé quand j’ai fait un malaise au boulot et que j’ai vomi jusqu’à mes tripes devant les enfants! Mais… passé le cap du premier trimestre ce n’était toujours pas l’extase cette grossesse! Libido descendue sous le seuil de zéro (je ne supportais même pas que chéri me fasse un simple câlin), remontées acides, toujours cette intolérance aux odeurs de synthèse, une humeur massacrante (j’étais insupportable, mais alors à un point!)… Et puis pas du tout épanouie dans ce corps qui changeait, toujours fatiguée, déprimée… Pourtant j’ai pris très peu de poids, seulement 6kg alors que je suis déjà menue, et j’ai accouché d’un beau bébé! Non, pour moi cette grossesse n’avais rien d’épanouissant… les seuls moments que j’aimais c’est quand je sentais bouger mon petit bouchon, autrement je n’avais qu’une hâte le rencontrer!
10362719_10152183903496406_957152810_n
Avec le recul, sais-tu pourquoi tu n’as pas aimé être enceinte? Quels sont les facteurs qui ont joués un rôle dans ce mal-être ?
A : Nausées sans vomissements, hypoglycémie. Hypotension sévère dès les premiers jours et jusqu’au 4ème mois. Donc fatigue, irritabilité, mode madeleine…Le moindre soucis me paraissait insurmontable et des disputes très graves ont éclatées entre ma mère et moi ! Ensuite, j’ai eu mes premières vraies contractions à4 mois ! A chaque contrariété, chaque petit effort : contractions. On m’a prescrit un repos strict, Lit /Canapé/douches express ont rythmé mon quotidien. Moral complètement dans les chaussettes ! Des journées qui n’en finissaient pas et des visites plus que rares de mes amis et famille! J’ai eu droit à 3 hospitalisations d’urgence d’une durée de 10 jours chacune entre le 5ème et le 8ème mois, dont une le matin du réveillon de Noël, contractions de travail et col raccourci et une accompagnée par les pompiers en pleine nuit, cette nuit où j’ai cru qu’à6 mois j’accouchais dans mon lit, les voisins doivent sûrement ce souvenir encore de ses cris morbides à2h du matin, c’était des coliques néphrétiques… Mon Dieu, je ne souhaite cette douleur à personne ! Tout ça engendrant inévitablement des contractions ! Bon et pendant ce temps bébé cœur faisait des galipettes, un coup tête en haut, un coup tête bas…pour finir…je vous le donne en mile, TETE EN HAUT ! Gentiment assis sur ses petits pieds ! Donc on m’avertie…pas d’accouchement voie basse tant qu’il est dans cette position ! Mon monde s’écroule littéralement sous mes pieds. Je pleure toute la nuit ! Moi qui avais toujours magnifiée ma grossesse future depuis l’âge de 16 ans et avais pour projet un accouchement naturel, sans péridurale et dans l’eau ! Je n’en ai toujours pas fait le deuil. La césarienne était programmée le 18. Mais je me suis mise en travail dans la nuit du 10 au 11 et je suis heureuse d’avoir fait un vrai travail avant la césarienne d’urgence car col ouvert, pour le coup, j’ai adoré avoir mal ! Oui, j’ai pris un petit risque en trainant à la maison…mais j’aurais vécu un petit bout de mon accouchement.
M: Je ne sais pas vraiment non… Je ne m’attendais pas à vivre aussi mal les désagréments de la grossesse… mais je crois que c’est l’image que je renvoyais qui me dérangeait vraiment beaucoup… je n’aimais pas cette femme insupportable que j’étais, qui rejetait son mari, s’énervait sans arrêt, déprimait, n’avait envie de rien, ni l’énergie pour rien… J’ai un bon caractère, mais je suis plutôt de nature positive, joyeuse, optimiste, alors me voir dans cet état aggravait tout je crois! Mais ce qui a joué c’est le quotidien, mon boulot fatiguant en accueil de loisirs avec le bruit des enfants, leur énergie monstrueuse alors que moi j’étais une loque, les odeurs des désodorisants d’intérieur partout, le parfum ou le shampoing de chéri… En fait c’était toujours un enchaînement de petites choses qui me rendaient malade pour le reste de la journée!

Maud

Maud par la photographe Marie Hyvernaud


Avais-tu des astuces pour que cela te semble moins pénible ?
A : J’ai pris mon temps pour faire la liste de naissance, afin de traîner un peu sur le net et recherchais pile poil le bon truc, laisser passer la journée quoi… J’écoutais de la musique relaxante.
M: J’ai changé de gel douche, de déo, de crème hydratante pour des produits sans odeur, j’aérais après le passage de chéri dans la salle de bain, je ne mangeais que ce qui me faisait plaisir et en petites quantités plusieurs fois dans la journée, je dormais dès que je pouvais… Et ça a commencé à aller mieux quand j’ai été définitivement arrêtée à 6 mois… j’ai pris du temps pour moi, pour me reposer vraiment, pour essayer d’investir mieux cette grossesse. Mais ce n’était pas le 7e ciel pour autant!
Appréhendes-tu d’avoir un autre enfant à cause cette grossesse? Penses-tu que tu pourrais mettre des choses en place pour vivre une future grossesse plus sereinement ?
A : Oh oui ! A ce jour je ne souhaite pas de deuxième grossesse, si ça devait se passer de la même manière avec un bébé à s’occuper, je n’imagine pas la souffrance morale pour tout le monde ! Moi qui en voulais 4…Si je devais avoir une seconde grossesse similaire, je ferais du crochet et du tricot pour mes bébés !
M: Non je n’appréhende pas car maintenant je sais que je ne suis pas la seule dans ce cas, que non la grossesse ce n’est pas forcément épanouissant. Maintenant que mon bouchon a bien grandi, parfois je regrette un peu de ne pas avoir réussi à mieux profiter de ces 9 mois privilégiés… alors je pense que j’essaierais de trouver des petites choses pour que ça se passe mieux la prochaine fois si je vois que ça reproduit un peu le même schéma… quitte à arrêter de travailler tôt, pour pouvoir prendre soin de moi, faire de la relaxation, des massages, pourquoi pas du yoga ou aller à la piscine. Je ne sais pas trop! Mais une grande partie de moi espère que ce sera différent cette fois!
 
Aurais-tu un message à faire passer aux futures mamans qui vivent mal leur grossesse ?
A : Facile à dire, mais une fois ces 8 (LONGS) mois passés, on savoure la venue de bébé quoi qu’il arrive. Essayez de profiter au maximum de sentir ce petit être au creux de vous, communiquez avec lui, parler-lui, caressez-le. J’arrivais tout de même à savourer ces moments rien qu’à deux !
M: Ne surtout pas culpabiliser!! Et arrêter de lire les magazines dédiés à la grossesse et à la maternité, car cela présente trop souvent la grossesse comme idéale, hyper épanouissante etc… et on se culpabilise. Chaque grossesse est différente, chaque femme aussi, et il faut se dire que ça ne dure que 9 mois, accepter que« bah non moi j’aime pas être enceinte »et puis voilà! Une fois qu’on a son bébé dans les bras, on oublie tout!
lovely

Aurore et Gabriel



Illustration: Madame Renard, merci pour tes talents! Tu peux la retrouver sur son blog, sur Hellocoton et bientôt avec une nouvelle illustration sur le blog, pour l’interview de jeudi prochain! N’hésite pas à filer découvrir son univers, son quotidien de maman avec Little L, ses passions, ses angoisses, ses bons plans, ses tests… Une maman qui déchire!